L’acide hyaluronique un nouvel actif star !

L’acide hyaluronique un nouvel actif star !

Qu'est-ce que c'est ?

Que ce soit en injections d’acide hyaluronique en cabinet médical — qui sont les interventions les plus pratiquées après celles de la toxine botulique — ou en sérum pour sa capacité exceptionnelle à retenir l’eau, ce qui en fait l’un des meilleurs hydratants existants pour la peau, fait qu'il suscite aujourd’hui un tel engouement que l’on pourrait croire qu’il s’agit de la dernière trouvaille des labos.

Pourtant, cette molécule de la famille des polysaccharides (ou sucres) est connue depuis 1934. Elle a été identifiée par des chercheurs travaillant sur le liquide articulaire. Elle est naturellement présente dans le corps, autour des articulations, dans le globe oculaire, les muscles, mais c’est la peau qui en contient le plus. Pas étonnant qu’elle passionne autant les chercheurs en cosméto. Dans les crèmes, c’est l’Asie qui ouvre la voie au début des années 80, tandis que son usage en médecine esthétique remonte aux années 90. Depuis, l’intérêt pour ce sucre n’est jamais retombé. « Avec le boom des injections, il a un réel intérêt marketing, ça donne aux crèmes qui le contiennent une caution technique plus forte. D’autre part, c’est une substance naturellement présente dans l’organisme, reproduite à l’identique en laboratoire, ce qui, à l’heure actuelle, est un atout. Son coût de fabrication, qui a beaucoup baissé, le met à la portée de tous les labos. Et, last but not least, la technologie s’est vraiment améliorée ces trois dernières années, ce qui permet de nouvelles applications », résume Laurent Sousselier, chez Soliance, premier fabricant d’acide hyaluronique en Europe.


Pourquoi en faut-il absolument dans nos crèmes ?

Parce que c’est un excellent hydratant, c’est un vrai défroisseur de peau. Il agit comme une éponge qui peut absorber jusqu’à 1 000 fois son poids en eau ! « Dans le derme, c’est lui qui constitue la majeure partie de la substance fondamentale, cette “soupe” dans laquelle baignent nos précieux fibroblastes, usines à collagène et élastine, et qui leur permet de rester souples et de bien fonctionner », explique la dermatologue Annick Pons-Guiraud. En gélifiant l’eau du derme, il rend la peau dense, élastique, pulpeuse. Ce que l’on sait moins, c’est que l’acide hyaluronique possède aussi des vertus antioxydantes, notamment contre les radiations solaires, et qu’il favorise la communication cellulaire entre l’épiderme et le derme pour doper les fibroblastes. Le problème : avec l’âge, il diminue en quantité et en qualité. Les conséquences ? Le derme se « dégonfle », la peau cicatrise moins bien et se dessèche. Du coup, médecins esthétiques et chercheurs cosmétiques n’ont qu’une idée en tête : compenser ce phénomène par voie externe.


Toutes les crèmes qui contiennent de l’acide hyaluronique se valent-elles ?

Non, ce serait trop simple.

Selon la forme d’acide hyaluronique utilisée, la pénétration et l’action dans la peau varient. « Trois catégories d’acide hyaluronique sont formulées dans nos crèmes », explique Laurent Sousselier. Ce qui les différencie ? Leur taille ou, dans le langage des pros, leur poids moléculaire.

Pour une action de surface et un effet repulpant, l’acide hyaluronique le plus couramment utilisé est le plus « gros », du même poids que celui de la peau. Cette molécule est trop grosse pour franchir la couche cornée. Elle est donc utilisée comme un petit « manteau hydratant » qui reste à la surface de la peau. Les formulateurs s’en servent aussi pour sa texture soyeuse. « Cet effet hydratant des couches supérieures de l’épiderme est aussi utile pour faire pénétrer des actifs comme la vitamine C et l’acide férulique », ajoute Christiane Montastier, responsable de la communication chez Helena Rubinstein. On le retrouve, entre autres actifs anti-âge, dans ces formules de soins : Sérum Re-Plasty d’Helena Rubinstein, Concentré Mésolift de Liérac, Derma Genèse de L’Oréal Paris, Expert Lift de Nivea, Hyaluron-Filler d’Eucerin.

Pour une action revitalisante plus profonde, le deuxième acide hyaluronique, lui aussi de grosse taille, est capable de traverser l’épiderme grâce à un « transporteur » issu des travaux du CNRS. L’intérêt ? Bénéficier d’une action hydratante et revitalisante profonde, et d’une amélioration de la circulation cutanée. Dans Meso Mask et Meso-C de Filorga.

Pour une action raffermissante à long terme, l’acide hyaluronique fractionné de moyen poids moléculaire. Ce sont les laboratoires Avène qui ont été les premiers à breveter la technique permettant de le « découper ». Ces fragments pénètrent jusqu’à la jonction épidermique, d’où ils pilotent la fabrication, par les fibroblastes, d’acide hyaluronique tout neuf. C’est pile ce qu’on veut pour recapitonner la peau de l’intérieur et à tous les niveaux. Dans Eluage d’Avène et Time Zone d’Estée Lauder.


Les peaux sensibles doivent-elles s’en méfier ?

Il n’y a normalement aucun risque d’intolérance. En cosmétique, aucune réaction n’a été signalée. Mais, en médecine esthétique, on doit rester prudent. « Dès qu’on injecte quelque chose, il faut faire attention. Avec l’acide hyaluronique, de rares cas considérés “à risque” obligent à faire des tests de tolérance préalables : les maladies auto-immunes, les fortes pathologies allergiques, les personnes sujettes aux granulomes », explique le Dr Pons-Guiraud.


Comment le fabrique-t-on ?

On l’a d’abord extrait des crêtes de coq, mais le coût de fabrication était exorbitant et l’origine animale peu appréciée. Aujourd’hui, on l’obtient par biotechnologie, c’est-à-dire qu’on le fait synthétiser par des bactéries. On récupère alors un acide hyaluronique, copie conforme de celui qu’on a dans la peau. Car l’avantage avec cette substance, c’est que sa structure chimique est la même dans tous les tissus du corps humain, mais aussi chez toutes les espèces (bactéries comprises). En 1988, les Japonais de Shiseido ont été les premiers à le fabriquer et à l’utiliser, et sont aujourd’hui l’un des plus gros fournisseurs d’acide hyaluronique pour la cosmétique et la chirurgie.


Article du magazine ELLE
Auteur : Claire Dhouailly

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